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A la rencontre de nos success stories / Clément Saad, président et CEO de Pradeo

Information mise à jour le 23/09/19

Clément Saad, nouveau président du réseau French Tech Méditerranée, est à la tête de Pradeo, une entreprise innovante spécialisée dans la cybersécurité, qu’il a fondée en 2010 avec deux associés.

Clément Saad, président et CEO de Pradeo @David Crespin

Clément Saad, président et CEO de Pradeo @David Crespin

Accompagnée au départ par le BIC de Montpellier, elle a connu rapidement un développement international. Elle s’est implantée aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Elle vend également son dispositif innovant de sécurisation des smartphones, tablettes, objets connectés et applications mobiles, via un réseau de partenaires présents dans plus de 40 pays. Elle a été une des toutes premières entreprises à avoir été labellisée Pass French Tech, en 2015.
 

Pourquoi avez-vous choisi Montpellier ?

Je suis né à Montpellier, j’y ai fait mes études, notamment mon doctorat, au LIRMM (laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier), pour le compte du ministère de la défense. En 2008, quand j’ai soutenu ma thèse, on a assisté à l’explosion des smartphones et des tablettes, avec une véritable innovation : les applications mobiles. J’ai constaté qu’il y avait un vide en matière de sécurité. Avec deux proches, qui sont devenus mes associés, on a lancé notre projet : sécuriser l’usage des applications mobiles.

Et on s’est aussitôt tourné vers le BIC de Montpellier pour être accompagnés. Une bonne raison de rester dans la métropole montpelliéraine, mais il y en a eu d’autres : des formations universitaires de qualité, ce qui permet de recruter de bons profils, et des centres de recherche très à la pointe. Il se trouve qu’à nos débuts, les thématiques de recherche de LIRMM correspondaient exactement à celles de Pradeo. J’apprécie aussi la qualité de vie montpelliéraine, le climat, l’environnement. Je suis attaché à cette région.

Quel a été le principal apport du BIC de Montpellier et de ses équipes dans votre réussite ?

L’accompagnement a été structurant. Il m’a apporté les bases en matière de création d’entreprise et m’a aidé à me poser les bonnes questions. Cela m’a permis de faire ma mue de chercheur à entrepreneur. L’intérêt est aussi d’entrer dans l’écosystème plus rapidement, notamment de rencontrer des banquiers et des investisseurs qui vous prennent en considération parce que vous venez du BIC de Montpellier. C’est un accélérateur. Dans cette période d’incubation, par exemple, l’Irdi Soridec (capital-investissement régional) est entrée au capital de Pradeo.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui veulent créer leur entreprise ?

D’abord, se poser des questions essentielles : est-ce que je suis fait pour ça ? et dans quoi est-ce que je suis génial ? et mes associés, dans quoi sont-ils géniaux ? J’ai trop souvent vu des jeunes qui s’associent avec leur clone et dont le projet échoue. C’est la complémentarité des profils qui est la clé du succès.

Ensuite, il est très important d’être au clair sur ses objectifs et que les associés partagent les mêmes dès le début. Est-ce qu’on crée une entreprise pour s’assurer un revenu, ou créer des emplois, ou conquérir le monde… ? Très souvent, les fondateurs se posent cette question trop tard parce que, les premiers temps, leur seule préoccupation, est de faire vivre leur entreprise. Quand ils entrevoient des perspectives de croissance, un associé affirme ses ambitions, tandis qu’un autre ne veut pas aller plus loin, et ça éclate, il y en a un qui lâche l’affaire... J’ai été témoin d’échecs en raison de divergences majeures entre les associés.

Moi, je venais de la recherche et j’avais envie d’exploiter mes idées. Le deuxième associé était commercial et le troisième a assuré la direction technique, avec beaucoup de clairvoyance. Dès le départ, on était tous sur la même longueur d’onde, on voulait essayer d’imposer notre technologie à l’échelle mondiale. Cela a évité que l’un d’entre nous dise à un moment donné : ça va trop loin, trop vite…

Comment imaginez-vous l’entreprise innovante de demain à Montpellier ?

Il y a des innovations sociétales, comme Facebook : tout le monde a envie de voir ce que fait le voisin. Et il y a les innovations technologiques, qui viennent des laboratoires de recherche et que des entreprises mettent en œuvre.

En France, les ponts entre ces deux mondes, scientifique et économique, ne sont pas encore assez solides, même si la situation s’est bien améliorée ces dernières années. Savez-vous que le premier investisseur des créateurs de Google était leur professeur d’université ? Cela en dit long sur les liens très étroits entre l’université et les entreprises aux Etats-Unis. Moi, j’étais mal vu de collègues chercheurs parce que je voulais créer une entreprise, alors qu’on peut travailler dans la recherche fondamentale et vouloir appliquer ce qu’on a conçu dans le monde réel. Les meilleures innovations naissent dans les laboratoires, c’est leur job. Si on a une approche un peu plus industrielle de ces innovations, on aura des champions du monde. Il faut que l’innovation ait un véritable cœur technologique pour éviter d’être rattrapée par les concurrents. C’est ainsi qu’on donnera naissance aux géants de demain.
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