L’art d’embarquer le joueur de l’autre côté du miroir. Mais, cette fois, c’est sur la route que le studio montpelliérain l’emmène. En décembre,
DigixArt Entertainment a dévoilé son nouveau et troisième jeu vidéo :
Road 96, annoncé en décembre aux
Game Awards 2020, est un voyage au long cours.
Le joueur doit s’échapper de Petria, un pays fictif au bord de l’effondrement. Pour ce faire, il emprunte la fameuse route 96, dans l’espoir d’atteindre la frontière. Dans ce road trip, la destination compte évidemment moins que le périple. Doté d’un game play enrichi par l’apport de l’Intelligence artificielle, Road 96 est dans le droit fil des précédents jeux du studio, grâce à un contenu imprégné d’humanisme et d’émotion.
Créé en 2015, le studio a une signature bien à lui. Il l’a rapidement imposée dans le monde du jeu vidéo.
Lost in Harmony, sa première création, est une odyssée contant l’épopée de deux jeunes adolescents engagés dans une terrible épreuve.
11.11 Memories Retold, la suivante, traite de la Première Guerre Mondiale. S’il y a le jeu, DigixArt veut toujours donner plus.
« Avec 11.11 Memories Retold, nous voulions parler de cette guerre d’une manière différente, en mettant le joueur dans la peau d’un Canadien et d’un Allemand, ce qui lui permet de se faire son propre point de vue face à ce qu’ils ont vécu, sans vision partisane du conflit. Il voit ainsi à quel point les expériences, les douleurs humaines, sont similaires des deux côtés », explique Yoan Fanise, le directeur créatif et cofondateur de DigixArt Entertainment, aux côtés de son épouse Anne-Laure.
Voilà comment le studio montpelliérain, hébergé par le BIC de Montpellier, donne ses lettres de noblesse aux
social impact games, ces jeux qui déclenchent la réflexion. Lors de la sortie de
11.11 Memories Retold, le site britannique
Metro GameCentral remarquait dans sa critique que le jeu vidéo pouvait aborder des sujets sérieux avec un respect et un niveau de perspicacité que seule l'interactivité peut fournir.
Mais la particularité de DigixArt ne se résume pas qu’à des choix narratifs : le studio a également une touche graphique identifiable. Ainsi,
11-11 Memories Retold est le tout premier jeu peint en 3D, obtenu grâce à la mise au point d’un rendu innovant. Distribué par l’éditeur japonais
Bandai Namco, le jeu a mobilisé aux côtés des équipes montpelliéraines celles du studio anglais
Aardman Animations (
Wallace et Gromit). Soit au total 40 personnes, pendant trois ans. Deux acteurs,
Elijah Wood, alias Frodon Sacquet dans le Seigneur des anneaux, et
Sebastian Koch, ont prêté leur voix aux personnages principaux, tandis que la musique a été confiée au London Symphony Orchestra, qui l’a enregistrée au studio Abbey Road. Traduit dans 17 langues, le jeu porté sur PC, PS4 et Xbox, a été lancé le 9 novembre 2018.
Ce sens de la perfection a contribué à installer DigixArt Entertainment dans le paysage. En 2018, il était le
seul studio indépendant français sélectionné au Tokyo Game Show. Et ses jeux ont été nominés ou nommés à plusieurs reprises, notamment aux Indie Prize Awards pour
Lost in Harmony, aux Game Awards et au
British Academy of Film and Television Art (BAFTA) pour
11.11 Memories Retold.
Avant de créer DigixArt, Yoan Fanise n’était pas un inconnu dans l’univers du jeu vidéo. Il avait passé quinze ans au sein d’Ubisoft, d’abord à Montpellier, puis à Singapour. Pendant ces années chez le géant du jeu vidéo, il contribua à des réalisations à succès, comme
Beyond Good & Evil,
King Kong,
Raving Rabbits (Les Lapins Crétins
) et
Assassin’s Creed, avant de prendre la direction du contenu de
Soldats inconnus - Mémoire de la Grande Guerre. Une œuvre qui a raflé les prix du scénario et du meilleur jeu innovant aux Video Game Awards de Las Vegas.
À son retour en France, Yoan Fanise décide alors de créer son propre studio,
« pour cesser d’être le rouage d’une grosse machine et tabler sur la viabilité d’une structure artisanale ». Et c’est à ce moment-là, lors d’une édition du Digiworld Summit de l’IDATE, qu’il rencontre les équipes de Montpellier Méditerranée Métropole.
« Nous pouvons vous aider », lui expliquent-elles
. « Avec celui de la Région, cet accompagnement a été décisif : conseil, mises en relation, appuis à la recherche de financements, business plan sur cinq ans », salue-t-il aujourd’hui.
Depuis, Yoan Fanise a à cœur d’être
un ambassadeur de l’écosystème ICC de la métropole de Montpellier, dont il promeut les atouts.
« Nous avons la chance à Montpellier d’avoir des talents expérimentés et des écoles de formations de haut niveau - universités, ESMA, ArtFX – qui stimulent la créativité, à quoi s’ajoutent les soutiens publics avec des initiatives comme la Cité Créative », souligne-t-il.