Dans la tech, le combat des cheffes en entreprise

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Si les startups fondées ou cofondées par des femmes génèrent deux fois et demie plus de revenus que celles créées par les hommes, les entrepreneures et cadres dirigeantes continuent de souffrir de stéréotypes. « Les licornes ne sont pas toutes des hommes », c’était le thème d’une matinée organisée le 30 septembre à la Halle de l’Innovation à Montpellier.

Comment conciliez-vous votre rôle de chef d’entreprise et celui de papa ? Voilà bien une question qui ne sera très probablement jamais posée à un entrepreneur ou à un cadre dirigeant ! Combien de femmes l’ont pourtant entendue ! Les stéréotypes ont la vie dure. C’est pourquoi l’association Les Premières Occitanie s’est donné pour mission de les combattre, en décidant d’accompagner les femmes entrepreneures « qui construisent le monde économique de demain ».

Le 30 septembre à la Halle de l’Innovation (HDI) à Montpellier, cette association a organisé en partenariat avec le BIC de Montpellier, une matinée sur le thème « Les Licornes ne sont pas toutes des hommes », en référence à ces startups dirigées par des hommes qui lèvent des millions d’euros auprès des fonds d’investissement. Cette matinée faisait suite à une journée organisée le 7 mars à l’Espace Gisèle Halimi, en partenariat également avec le réseau Osez Entreprendre.

Ont cette fois pris la parole Sophie Scantamburlo Contreras, la cofondatrice de SCOP3, Delphine Dorseuil, celle d’Axeptio, Esclarmonde Leger Alibert, celle de Legallys, et Véronique G. Boudaud, une Digital Ecosystem Builder et investisseuse spécialisée dans la tech. S’ajoutait Alexandre Rochet, coordinateur d'activités et chargé de mission chez Crealia Occitanie.

Ces intervenants n’ont donc pas manqué de combattre les préjugés. Car les femmes sont bien souvent des entrepreneures avisées. En 2018, le Boston Consulting Group le rappelait dans un rapport intitulé Why Women-Owned Startups Are a Better Bet. Ainsi, les startups fondées ou cofondées par des femmes génèrent, soulignait l’étude, 78 cents de revenu pour chaque dollar investi, contre 31 cents pour celles fondées par des hommes, soit un ratio deux fois et demie plus importante.

Le résultat d’une approche différente du risque. « Nous femmes, nous sommes plus mesurées, plus prudentes. Récemment, un investisseur m’a dit : « Ce que vous nous présentez, ce n’est pas une startup, mais une entreprise. Je l’ai pris comme un compliment », commente Esclarmonde Leger-Alibert.

« Les femmes sont plus prudentes dans ce qu’elles annoncent », confirme Alexandre Rochet. Et Sophie Scantamburlo-Contreras d’ajouter : « Cela nous distingue des hommes, plus fonceurs dans la prise de risque. »

Mais, en contrepartie, les entrepreneures peuvent souffrir de cette prévenance, pouvant parfois être interprétée comme un manque de conviction. « Lors de nos pitches, nous n’avons rencontré que des hommes. Et durant l’un d’eux, un investisseur a émis sur moi des doutes qui n’étaient ni fondés ni argumentés, auprès d’un de nos associés », se souvient Delphine Dorseuil qui, après deux créations réussies, assure être à présent « entraînée à prendre des risques ».

Reste que « l’argent et le pouvoir sont souvent associés aux hommes », observe Véronique G. Boudaud. Pour combien de temps encore ? « Nous, femmes, nous devons créer notre style d’entrepreneuriat », conclut la cofondatrice de SCOP3.