Une salle bondée, des investisseurs parisiens venus en masse, des startups accompagnées en amont par le BIC, distillant des pitchs ciselés pour capter des fonds afin d’accélérer leur développement. L’édition 2025 de Montpellier Capital Risque (MCR) a tenu toutes ses promesses, ce 7 novembre à la Halle de l’Innovation. L’affluence confirme l’excellence de la place montpelliéraine en matière d’innovation, le dynamisme du BIC de Montpellier et de son écosystème.
« Dans un contexte très instable, morose - économiquement, socialement -, il faut créer de l’unité, se donner de la force », projette Hind Emad, vice-présidente de la Métropole de Montpellier déléguée au développement économique et au numérique. Et de rappeler des domaines d’excellence propres à Montpellier : « Industries culturelles et créatives, énergies renouvelables, santé, numérique et l’IA, agri-agro, environnement, etc. », glisse-t-elle.
« Venir ici, c’est tout sauf une perte de temps »
« Il y a vraiment du qualitatif à MCR, un événement qui a fait ses preuves depuis plus de 20 ans », se félicite Rémi Berthier, associé d’Evolem (40 M€ de flux sous gestion, avec 58 entreprises en portefeuille). « Ce format, où sont concentrées toutes les startups, avec pitchs puis rencontres en une seule journée, est idéal. Cela laisse de la liberté, et nous permet d’être efficace. Venir ici, c’est tout sauf une perte de temps. C’est la 3e fois que je viens. »
Venir à MCR, c’est aussi une façon de prendre rendez-vous pour l’avenir. « Notre objectif est de mailler le territoire français », insiste Carla Pomes, VC Impact chez MAIF Impact (éducation et accès aux droits fondamentaux, économie circulaire, biodiversité, urgence climatique et adaptation des villes). « Ce matin (7 novembre, ndlr), j’ai vu beaucoup de projets intéressants. Certains sont encore à un stade un peu jeune, mais c’est intéressant de pouvoir les identifier dès à présent, pour le prochain tour de table, potentiellement. » Parmi les projets qui ont retenu son attention : Opale Care, sur le sujet des violences conjugales, et Humeos (activité biologique des sols). « Nous sommes très actifs sur la verticale agri-agro », précise-t-elle.
Pour Thibault Passaga, chargé d’investissement associé chez Bpifrance, « il y a des projets de qualité, autant qu’on peut en voir à Paris. L’enchaînement de pitchs de 5 min est dynamique, bien rythmé et bien organisé. C’est un bon format. J’ai pu découvrir de nombreux sujets deeptech, qui rentrent dans nos cases. »
Un accompagnement millimétré
Dix-sept startups issues de la healthtech, de la deeptech, de l’agri-agro, des industries culturelles et créatives ou encore du numérique ont suivi un parcours intensif de préparation avec le BIC de Montpellier.
La préparation « est un mix entre l’atelier collectif, en présentiel à la Halle de l’Innovation, et des rendez-vous individuels avec les formateurs pour aborder tous les sujets autour de la levée de fonds : la préparation, la data room, le juridique, mais aussi toute la préparation autour du pitch », explique Habib Belaïd, CEO et cofondateur de Kervalion, start-up qui développe des greffons osseux imprimés en 3D pour la chirurgie dentaire et orthopédique.
Même satisfaction du côté d’Iopole, spécialisée dans la facturation électronique pour les éditeurs de logiciels. « L’accompagnement du BIC est très utile, puisqu’on est préparés par des professionnels qui ont l’habitude de l’exercice. Nous avons été questionnés aussi bien sur les dispositives, les chiffres, le pitch… C’est indispensable, car l’exercice n’est pas facile ! », s’exclame Dorian Keiflin, cofondateur d’Iopole, aux côtés de Nicolas Saudemont. Parmi les modifications apportées grâce à cette formation : « La mise en avant, d’emblée, des chiffres. Au début, nous avions tendance à trop expliquer les choses. »
William Arditi, cofondateur de Humeos, a apprécié « une formation ciblée : pitch, finance, business plan, prévisionnel… et surtout, des rendez-vous individuels où nous pouvions parler de notre projet et de nos problématiques ».
Même des entrepreneurs expérimentés, comme Claudia Zimmer (Cyme), elle-même investisseur, avec Matthieu Kopp, « dans 19 entreprises » après la cession d’Aquafadas, ressentent le besoin d’un accompagnement. À la tête de Cyme, une solution de media management qui s’intègre aux flux créatifs des photographes, vidéastes et équipes marketing (2 M€ recherchés), l’entrepreneure confie :
« On n’a jamais autant de recul sur son propre parcours que des professionnels dédiés, déclare-t-elle, de retour de Los Angeles. L’accompagnement du BIC est extraordinaire : c’est un aiguillon idéal qui agit de façon complémentaire avec ce qui existe par ailleurs. Il n’y a pas d’enjeu au sein du BIC. Leurs conseils sont toujours bienveillants et pertinents, car ils voient défiler beaucoup d’entreprises. Par exemple, au niveau des évolutions réglementaires, le BIC est particulièrement à l’affût. »
Au final, Cyme a « simplifié sa présentation, la rendant plus courte et percutante, là où, dans la levée de fonds précédente, effectuée sans accompagnement, nous étions plus techniques et ‘jargonnesques’ ».
Claudia Zimmer souligne le chemin parcouru par MCR. « En 2009, pour Aquafadas, nous avions pitché devant tout juste une dizaine de fonds, dans une petite salle. Le réseau s’est considérablement étoffé depuis, la démarche s’est professionnalisée. Et travailler avec des jeunes, moi qui le suis moins à présent, c’est un bonheur ! On devient très vite ‘has been’. »
Également citée en exemple par les investisseurs, la réunion investisseurs coorganisée par MedVallée Montpellier et French Tech Méditerranée en partenariat avec le BIC de Montpellier, jeudi soir, au Musée Fabre, rythmée par l’intervention de pépites montpelliéraines connues sur le plan international – Cilcare, Swile, Pradeo -, et un dîner tournant, au cours duquel les investisseurs ont pu changer de table et ainsi connaître la diversité des startups, à la veille de leur présentation.
De quoi confirmer, pour investisseurs comme entrepreneurs, la solidité d’un rendez-vous désormais bien ancré dans le paysage de l’innovation montpelliéraine.