Montpellier : les Assises du Tourisme Durable fixent un cap responsable face aux défis climatiques et sociaux

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Les Assises du Tourisme Durable à Montpellier ont détaillé, ce 30 juin, la feuille de route du Tourisme Durable de la Métropole à horizon 2030. Le fruit d'une dynamique construite avec les acteurs du tourisme du territoire, pour conjuguer attractivité, développement économique et intégration des défis climatiques et sociaux.

Repenser le tourisme à l’aune des réalités locales, marquées par les défis climatiques et sociaux. Tout en préservant un secteur économique précieux pour la Métropole de Montpellier, générant environ 1,6 Md€ de retombées économiques en 2023, pesant 12 000 emplois et ayant généré 15 millions de nuitées, avec 5,4 millions de touristes hors héraultais recensés.  

En présence d’élus, d’universitaires et de professionnels engagés, les Assises du Tourisme Durable 2030 de Montpellier Méditerranée Métropole, organisées le 30 juin au MO.CO. Panacée, ont fixé un cap responsable. 

Un cap qui se décline en trois axes : structurer une destination touristique singulière et expérientielle à impact positif ; positionner le tourisme comme levier de développement économique ; faire du tourisme un pilier majeur d’attractivité et de rayonnement du territoire.  

« Nous faisons le choix d'un tourisme qui ne se contente pas d'accueillir mais qui agit, relie et transforme, déclare Cyril Meunier, vice-Président de Montpellier Méditerranée Métropole délégué au tourisme, à l’attractivité et aux congrès. 

Dans un contexte de transitions écologique, économique, sociale et culturelle majeures, nous avons souhaité repenser en profondeur notre stratégie touristique. Le tourisme peut être un levier de transformation positive, s'il est pensé comme un bien commun au service de la qualité de vie, de l'attractivité et de la préservation de nos ressources. » L’objectif est bien de bouger les lignes et d’interroger l’avenir d’un secteur soumis à la double pression du climat et des transformations économiques.

 

Quel tourisme en période de réchauffement climatique ?

« Comment faire venir des gens sous 50° dans quelques années dans le sud de la France ? », questionne Cyril Meunier. L’élu alerte sur l’urgence d’adapter les infrastructures. « Expliquer aux touristes qu’il faut aller au bord de la mer, ce n’est pas compliqué, ils l’ont déjà compris. Mais il faut rendre les équipements vivables », observe-t-il.  

« Nous avons déjà dépassé les 2° d’augmentation en France (contre le seuil de +1,5° de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, qui était le maximum fixé par les autorités) et les + 2,5° à Montpellier », compare Isabelle Touzard, vice-présidente de la Métropole en charge de la transition écologique. Un défi climatique à relever. Après avoir agi sur les risques inondation, la Métropole doit désormais s’adapter à des canicules récurrentes. « Imaginez trois semaines consécutives à 42° et des nuits à plus de 28° ! Comment faire avec les touristes ? », s’interroge l’élue, évoquant la nécessité d’une « transformation radicale des horaires d’accueil des lieux touristiques ». Comme un écho à l’actualité : ces Assises du Tourisme Durable se sont déroulées en pleine période de canicule. 
 

Un engagement fort des professionnels et de la destination en faveur des transitions 

Point positif : Montpellier bénéficie d’une image positive aux yeux du grand public, comme le démontrent les résultats d’une étude nationale, menée par la Chaire Attractivité & Nouveau Marketing Territorial de l'université Aix-Marseille et présentée par Audrey Rivière, maître de conférences. Sur un échantillon de 3 202 personnes, 43 % des sondés la trouvent « plutôt bonne » et 10 % « très bonne ». La ville séduit notamment les jeunes et reste associée au soleil, à la mer et au Sud. « Montpellier est perçue comme dynamique et active dans le sport, les loisirs, la culture », observe la chercheuse. Mais l’insécurité apparaît comme un point faible. Constat commun à toutes les grandes métropoles françaises. 

Pour aller plus loin, Audrey Rivière évoque des exemples inspirants à l’étranger : « À Copenhague (Danemark), l’initiative CopenPay récompense les touristes qui adoptent des comportements responsables (vélo, transports en commun) par des entrées au musée ou des repas offerts », illustre-t-elle. 

Clef Verte, certification et approvisionnement responsable. Pour Laurent Cherchi, chef étoilé du restaurant montpelliérain Reflet d’Obione, l’engagement passe par des gestes concrets. « Une cuisine responsable, ce ne sont pas seulement les produits dans l’assiette. C’est aussi l’eau, les produits d’entretien, l’approvisionnement conscientisé », énumère-t-il. Annabelle Barthélémy, directrice RSE d’Appart’City (résidences hôtelières) détaille la démarche du groupe labellisé Clef verte : économies d’énergie, arrosage raisonné, lutte contre le gaspillage alimentaire, recours au télétravail... Le groupe noue d’autres partenariats positifs (Too Good to Go, La Cravate Solidaire) et réalise un reporting extra-financier, malgré l’absence d’obligation. 
Sandra Vernier directrice de Montpellier Events souligne quant à elle que la SAEM, notamment gestionnaire du Zénith et du Corum à Montpellier, s’est dotée de la certification ISO 20121, une référence en matière de management responsable de l’activité événementielle.  « C’est une manière de nous remettre en cause et de construire nos avenirs », insiste-t-elle. 
 

Innovation et bon sens 

Selon Julien Cadiou (Cool’n Camp), l’innovation est souvent « du bon sens » : digitalisation des process, réflexion sur l’efficience environnementale... Concernant l’intelligence artificielle, « si on s’en passe dans le tourisme, c’est qu’on n’est plus dans le train », prévient-il. L’enjeu c'est d'apprendre à l’utiliser « à bon escient », sans se laisser déposséder du lien humain avec les clients, qui restera essentiel dans le tourisme, intimement lié au plaisir et à l’envie de contact. 

 

L’enjeu de l’attractivité des métiers  

Malgré l’atonie économique nationale, le tourisme reste une manne économique dans la métropole. « Les intentions d’embauche dans l’hôtellerie-restauration ont certes baissé de 13 % en un an. Mais c’est bien moins marqué que dans d’autres secteurs », souligne Fabienne Bouchet (France Travail Hérault). L’attractivité des métiers reste un défi, notamment en raison de la saisonnalité. 

« Nous prêtons beaucoup plus attention à l’humain. Les jeunes n’acceptent plus ce qu’on acceptait il y a dix ans », admet Clément Gueudré, président du groupe Le Petit Jardin. Cette bonne table de Montpellier organise des plannings aménagés pour mieux répondre aux attentes de ses salariés en matière d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. 

Ana-Rita Albuquerque, maîtresse de conférences en géographie et co responsable du master tourisme durable des territoires à de l’Université Paul Valéry, précise que cette formation créée en 2015, a adopté la durabilité de l’activité touristique comme fil conducteur, avant que d’autres formations ne s’emparent du sujet. Elle constate que la principale motivation des étudiants est « d’être acteur du changement »


Cette feuille de route du Tourisme Durable 2030 est le fruit d'un travail collectif, nourri d'échanges avec les acteurs du territoire, les habitants, les professionnels et les institutions. Deux outils vont être créés pour réfléchir et agir : un observatoire, pour mesurer l’impact du tourisme et piloter la destination ; un Lab Tourisme, pour designer les offres, stimuler l’innovation et faciliter l’expérimentation. 

« Il faut une meilleure prise en compte de l’ensemble de l’économie du territoire dans les réflexions sur un tourisme durable », conclut Cyril Meunier 

Mobilité, hébergement… Quelles pistes d’actions ? 

Plusieurs grands chantiers ont été identifiés sur la Feuille de Route Tourisme Durable 2030 : l’élaboration d’un Plan Mobilité Tourisme et Loisirs, la rénovation des équipements touristiques vieillissants, l’accompagnement des acteurs du tourisme, la diversification des offres touristiques, le développement des circuits courts, mais également, l’animation de la filière économique, la stimulation de l’innovation ou encore le développement de l’emploi local et durable, accessible à tous.