Se mobiliser pour la préservation de l’attractivité de son centre-ville, top départ !

Du 20 au 22 mai à Montpellier, les 19° Assises nationales du Centre-Ville ont traité de l’attractivité et du rayonnement des cœurs de ville et de leurs commerces de proximité. Montpellier en est un bel exemple, dont la stratégie a déterminé qu’elle soit la ville d’accueil de cette nouvelle édition.

64% des Français sont attachés à leur centre-ville et ce taux passe à 82 % dans les villes de plus de 100 000 habitants ! 

Cet attachement des Français à leur cœur de ville a une nouvelle fois été confirmé par la 10° édition du Baromètre du centre-ville et des commerces, qu’a présenté le CSA le 20 mai, en prélude des 19° Assises du Centre-Ville qui s’ouvraient le lendemain à Montpellier.

Le cœur de ville symbolise la convivialité. Mais ce cœur de ville fait aujourd’hui face à de nombreux défis que les communes doivent relever. « Tous les maires ont en tête que leurs habitants se sentent le mieux possible dans leur ville, et notamment dans leur centre-ville, caractéristique majeure de l’art de vivre à l’Européenne », insiste Philippe Laurent, le président de Centre-Ville en Mouvement, dont les Assises du Centre-Ville constituent l’événement-phare.

La Ville et la Métropole de Montpellier ont pris rapidement conscience de l’importance d’agir face à ces défis. À commencer par celui qui pourrait sembler lointain : le réchauffement climatique. Il pourrait transformer les centres-villes en four, si l’on n’y prend pas garde, particulièrement ceux des villes du sud, en raison de leur forte minéralité et d’un déficit d’espaces végétalisés qui favorisent l’apparition d’îlots de chaleur. 

Perrine Prigent, adjointe au Maire de Marseille, a montré l’ampleur du défi à relever.  « Nous projetons 90° au sol en 2050 sur les cœurs d’îlots sans vent ni ombre portée », a-t-elle prévenu. Soit une augmentation de 10 à 20°C entre 2017 et 2050 !

La Ville de Montpellier a d’ailleurs bien pris conscience de ce danger qui menace l’attractivité de son cœur de ville. Le 21 mai, Michaël Delafosse, son maire et président de sa Métropole, et Sylvain Waserman, le président-directeur général de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ont ainsi officialisé l’engagement de la ville dans le dispositif national "Plus fraîche ma ville"

Trois projets portés par la Ville de Montpellier seront donc présentés sur le site du dispositif : celui de l’Esplanade-Comédie, celui de la place des Martyrs de la Résistance et celui de la nouvelle place Max Rouquette qui remplace un parking, dans le quartier des Arceaux. 

Montpellier repense ses espaces face aux enjeux climatiques. « Nous avons fait le choix de remplacer les fontaines par des jets d’eau, ce qui nous fait économiser 40 % d’eau et l’ensemble des travaux de désimperméabilisation, les jets d’eau et les arbres ont permis de réduire la température de 2 à 7°C », dit Michaël Delafosse, dont la stratégie est de renaturer et rafraîchir la ville. 

Lutter contre les îlots de chaleur : c’est le but du Plan 50 000 arbres. « 130 arbres sont plantés à la place de l’ancien parking Max Rouquette et les sols sont désimperméabilisés », illustre Boris Bellanger, adjoint au maire de Montpellier, qui ajoute : « Nous faisons en sorte que les piétons puissent circuler et traverser ces places sans obstacle, en trouvant de la fraîcheur et en pouvant se poser dans une ville qui est également à hauteur d’enfant. »

Accompagner l’investissement dans le centre-ville et stimuler son attractivité, en offrant aux consommateurs une expérience cœur de ville. Montpellier a ajourné une opération immobilière de 100 000 m2 de surfaces commerciales, qui étaient prévues à l’extérieur de la ville, et elle investit lourdement pour stimuler la fréquentation de son centre-ville. « Nous devons relever le défi des centres-villes, c’est le pari de la convivialité, du vivre-ensemble », insiste Michaël Delafosse.

La piétonnisation et les mobilités douces sont organisées pour rendre la ville respirable. « Aujourd’hui, nous poursuivons la piétonnisation qui a débuté en 1986 avec la réalisation d’un axe de 45 min à pied. Il sera le plus grand espace piéton d’Europe d'ici à la fin du mandat », rappelle Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole de Montpellier, déléguée au Transport et Mobilités actives.

Quant aux mobilités douces, si elles participent amplement à la baisse des émissions de gaz à effet de serre, elles stimulent aussi la fréquentation du centre-ville. Tout comme la gratuité, réservée aux habitants de la Métropole. « C’est un facteur d’attractivité et de retour des habitants vers les commerces de centre-ville », enchaîne Julie Frêche. Pour preuve, la fréquentation sur le réseau TAM a augmenté de 35 % par rapport à 2019. Et le maillage de transport propre continue de s’étoffer (voir encadré).

En corollaire, la Ville a développé une stratégie de livraisons en mobilité douce dans le centre-ville. En accompagnant le développement d’entreprises spécialisées, telles que Service Écusson Vert, ainsi qu’en soutenant l’essor de la cyclologistique

Guy-Pierre Sachot le confirmait. Directeur du déploiement de la logistique urbaine pour le Groupe La Poste et de ses filiales Geopost, il rappelait, lors de la première table ronde « Se déplacer et bouger en centre-ville » qu’à Montpellier, « 84% des moyens de livraison [de son groupe, NDLR] sont à très faible émission, garantissant protection de l’environnement et maintien de la qualité de service ». À ce jour, la flotte du groupe national compte notamment 16 vélos cargos à Montpellier.

Soumis à la concurrence des plateformes en ligne, les commerçants de proximité ont en outre besoin d’être épaulés pour y faire face et répondre aux attentes des consommateurs 4.0. Cœur de Ville en Lumièresle Marché de Noël… La Ville de Montpellier organise, dans son éventail d’actions, des animations et des événements. C’est le fruit de la feuille de route de la Ville de Montpellier établie en collaboration avec les commerçants, leurs associations… Objectif : permettre, grâce à la mobilisation de tous les acteurs, de relever les grands défis auxquels le commerce local est confronté.

Mais ce n’est pas tout. Le commerce en centre-ville, c’est aussi le maintien des activités de santé et de bricolage. « Place de la Comédie, nous avons facilité l’installation d’un labo d’analyse médicale avec IRM dans les anciens locaux de la Poste et le centre-ville compte deux magasins de bricolage, auxquels s’ajoute l’attractivité du Corum, le Palais des Congrès-opéra », complète Alban Zanchielloadjoint au maire, délégué au Commerce, Tourisme, Animations et évènementiels commerciaux…

Pas d’attractivité, cependant, sans sentiment de sécurité. D’une part, Montpellier et sa Métropole n’ont pas fait la gratuité des transports sans y penser. D’où la création de la police métropolitaine des transports, afin d’assurer la tranquillité publique. « À la fin du mandat, nous aurons la plus grande police des transports de France », se félicite Julie Frêche. S’ajoutent les parkings relais en périphérie, pour stationner sa voiture et rallier le centre-ville en tramway ou en bus.

D’autre part, Montpellier et sa Métropole s’impliquent dans le maintien de la diversité commerciale et artisanale, tout comme elle lutte contre les « commerces de façade, liés au narcotrafic ». « Pour moi, il y a un lien direct entre tranquillité publique et diversité commerciale », martèle ainsi Sébastien Cote, adjoint au Maire de Montpellier en charge de la protection de la population, qui dénonce le remplacement de commerces traditionnels par des activités obscures. 

« Nos commerçants sont en difficulté en raison des loyers, de l'e-commerce et, face à eux, il y a des gens qui brassent beaucoup d’argent liquide… », constate-t-il, en rappelant que le nombre d’épiceries de nuit est passé à Montpellier de 20 à 170 depuis 2005. « Ces activités génèrent des bagarres, des coups de feu, des gens qui se garent en double ou en triple file. Ce n’est pas propre à Montpellier. Nous demandons de reprendre la main sur les mutations de baux commerciaux », complète-t-il.

La sérénité étant un facteur d’attractivité, Montpellier a décidé d’agir : elle a déjà mobilisé 1 M€ sur les préemptions, afin de préserver la diversité de l’offre commerciale, un élément déterminant de l’attractivité du centre-ville. Montpellier et sa Métropole sont attentives à leurs commerçants et artisans. 

Les 19° Assises nationales du Centre-Ville en ont fait la démonstration. Avec 650 personnes venues de toute la France pour assister à l'événement les retombées économiques pour le centre-ville seront bénéfiques.